Le métamodèle : l’art de poser de bonnes questions

Le métamodèle : l’art de poser de bonnes questions

Le méta-modèle est un concept issu de la Programmation Neuro Linguistique (PNL) crée par John Grinder et Richard Bandler. En observant les experts en communication qu’ils modélisaient, ils ont constaté un ensemble de formulations linguistiques qui étaient particulièrement efficaces pour comprendre ou débloquer des situations. Ils ont isolé 12 formes « d’anomalies » dans notre langage au quotidien. Ils les ont classés en 3 catégories : les omissions, les généralisations et les distorsions.

 

Qu’est-ce qu’un métamodèle ?

 

Un métamodèle est un modèle linguistique qui identifie les processus universels de la modélisation, identifié par R. Bandler et J. Grinder (Structure of Magic Volume I 1975) et qui est basé sur la Sémantique Générale d’Alfred Korzybski et la grammaire transformationnelle de Noam Chomsky. Mais encore ?

Pour parler simplement, le langage est un modèle de la réalité. Les mots que nous utilisons représentent de manière efficace ou inadaptée notre perception de la réalité, mais également nos projections sur le réel. La langue que nous utilisons (français, allemand, italien, russe, inuit, etc.) est un modèle qui représente la réalité. Ce langage est relié à une culture ou à une expérience sensorielle. D’ailleurs, le langage comporte parfois des « anomalies » pour transcrire la réalité. C’est en étudiant la modélisation du langage (du modèle), ou le « méta-modèle », d’une personne que l’on peut dénouer des blocages et des difficultés dans la vie de cette personne.

Donnons un exemple classique : quelqu’un dit « je suis dépressif ». En français, la phrase est correcte. Pourtant, selon la PLN, il y a des « anomalies » dans cette formulation. En effet, « être dépressif » touche à l’identité de la personne et l’associe à son trouble. Si la personne peut formuler la phrase suivante, « je fais une dépression depuis quelques mois », elle peut se dissocier de sa maladie et mieux envisager la guérison. Le langage a tendance à figer les choses, or la PNL vise à ne pas trop figer les choses négatives.

Pour résumer, le méta-modèle sert à mettre en évidence les mécanismes linguistiques utilisés par le sujet pour transformer son expérience sensorielle en langage. Le rôle du praticien, en travaillant avec les métamodèles, est d’enrichir le modèle du monde du sujet par le questionnement des figures linguistiques spécifiques qu’il utilise, et de l’aider à restaurer une expérience sensorielle initiale plus adaptée aux besoins du sujet.

 

Pourquoi et comment utiliser les méta-modèles ?

 

Pour le praticien, le méta-modèle permet de questionner sans à priori, sans apporter ses propres solutions et ainsi permettre à l’interlocuteur de trouver ses propres solutions. Il permet de clarifier des situations de conflit, ou simplement de blocage (« on ne doit pas… », « c’est impossible de… », « nos clients savent bien que… », « je suis toujours… »). Le maître-mot du métamodèle utilisé par le praticien en PNL ou en hypnose est la curiosité. C’est une technique très utile en coaching ou en hypnose conversationnelle. Il consiste à écouter et utiliser les propres mots du sujet, ceux qui constituent sa réalité.

Le Métamodèle I est un ensemble de 12 questions spécifiques que l’on apprend à poser de façon automatique.
Le Métamodèle II donne une direction dans l’utilisation du questionnement, par exemple pour formuler un objectif avec précision.
Le méta modèle III est utilisé dans des processus de changement. Il implique de connecter les schémas verbaux du Méta-modèle aux autres systèmes de représentation de notre système nerveux (système cognitif et physiologique), et de rechercher les niveaux les plus profonds. Le méta modèle III fait le lien entre les trois éléments de la Programmation Neuro-Linguistique : Programmation (la physiologie est l’expression de nos programmes, la Neurologie (les schémas cognitifs avec les modalités et sous modalités sensorielles, ainsi que les méta programmes), Linguistique (le langage exprime et crée notre modèle de monde)

 

Les trois grandes catégories du méta-modèle

 

Les trois catégories du Métamodèle sont l’Omission, la généralisation et la Distorsion. Le Métamodèle aide ainsi les individus à retrouver les informations perdues, à les intégrer dans leur expérience interne et à redessiner ainsi une nouvelle carte cognitive. Le problème étant moins l’événement que la représentation qui en a été faite. Une fois que le modèle interne est enrichi, la personne est capable de fonctionner de façon plus efficace.

Bandler et Grinder ont donc classé les 12 structures qu’ils ont découvertes en trois catégories. On appelle ces structures des violations du méta-modèle.

Les omissions (ou sélection) :

L’omission est le processus d’attention sélective à certaines dimensions du vécu, à l’exclusion de toutes les autres. L’omission permet de focaliser notre attention sur un aspect de notre expérience. Ce mécanisme naturel nous protège en nous évitant d’être submergé par trop de données sensorielles. La conscience est d’ailleurs une activité d’attention sélective. Par exemple, pour écouter une personne au sein du groupe, vous excluez les autres. Vous pouvez écouter et regarder ce qui se passe à la télévision, alors qu’il y a du bruit autours de vous. On peut choisir, au sein d’un groupe, de n’entendre qu’une personne.

Quand nous disons des phrases comme « le client est informé », ou encore « je suis frappé par… », nous faisons des omissions. Il manque quelque chose dans la phrase pour que l’information soit complète. « Informé de quoi ? », « frappé comment ? par un coup de poing ? de stupeur ? d’étonnement ? »

Manque d’index référentiel

Les gens… -> Quels gens ?

Ils pensent…, on va croire… -> Qui pense ? Qui croit ?

Manque du comparatif

C’est mieux ! -> Mieux que quoi ? que qui ? que quand ?

C’est pire ! Pire que quoi ?

Verbe non-spécifique

Il m’a agressé. -> Comment spécifiquement t’a-t-il agressé ?

Suppression simple

Il est fâché. -> Contre qui ? Contre quoi ?

 

Les généralisations :

Les généralisations sont par exemple « il faut envoyer la commande avant lundi » ou « ce modèle ne convient à aucun client ». À partir d’un seul exemple, d’une seule expérience (voire aucune…), nous pouvons construire une croyance qu’un fait est vrai dans tous les cas. Peut-être est-ce la vérité, mais il est souvent utile de se poser les questions adéquates pour s’en assurer ou au contraire trouver des voies différentes. « Et que se passe-t-il si la commande part après lundi, ou ne part pas ? », « n’y a-t-il vraiment jamais aucun client pour ce modèle ? » À noter que le racisme, le sexisme, l’âgisme, et d’autres « ismes » sont des généralisations (« les jeunes sont tous des … », « les hommes sont … », etc)

Quantifieurs universels

Les mots qui n’admettent aucune exception tels que « tous », « toujours », « jamais »

Tous les hommes… -> Tous ? Il n’y en aurait pas un qui soit différent ?

Origine perdue

La source ou le contexte d’un jugement de valeur ou d’une règle, ou d’un dicton, ne sont pas précisés. Cette modalité fait donc référence aux critères et aux croyances.

Grande vérité -> Qui dit cela ?

C’est bien d’avoir une bonne mémoire -> Selon quels critères ?

Opérateur modal de nécessité ou de possibilité

Désigne des règles (doit, devrait, indispensable de) ou ce qui est considéré comme possible.

Il faut… ou Je dois… -> Et qu’est-ce qui se passerait si tu ne le faisais pas ?

Nominalisation

Un verbe est transformé en nom ; Un processus d’action est transformé en une entité statique, en une abstraction figée à vocation d’éternité. Le verbe est transformé en substantif. Exemples : le changement, la communication, un problème, un échec, la direction, la vérité

La communication… -> Comment communiquez-vous ?

 

Les distorsions :

Il nous arrive également de modifier notre perception de la réalité pour la faire cadrer dans notre modèle du monde. Si je dis, notamment, « Mr Untel ne m’a pas payé, c’est un escroc », je distords la réalité. Peut-être n’a-t-il pas payé parce qu’il est en congé, ou encore, il a payé, mais le chèque est sous la pile de papier sur mon bureau !

Lecture de pensée

La personne qui s’exprime prétend connaître ce qu’un autre pense ou ressent. C’est une interprétation de la pensée ou des ressentis de l’autre. La PNL nous apprend faire consciemment des lectures de pensée de façon aussi précise et juste que possible.
Exemples : « Je sais ce que tu penses » ;  « Tu n’as pas besoin de le dire, je le devine » ; « Je vois bien que tu te demandes si … » ; « Il fait ça, parce qu’il pense que … » ; « Il s’imagine que …».

Il ne m’aime pas. -> Comment sais-tu cela ?

Faux cause-effet

La formulation énonce la création d’une relation de cause à effet entre deux événements distincts dans le temps. L’enchaînement chronologique entre les faits est symbolisée par : si X est présent —-> alors la conséquence est Y
Exemples : « Il me rend vraiment fou ! » ; « C’est toi qui m’obliges à être désagréable » ; « Regarde ce que tu m’as fait faire ! » ; « Je voudrais aller à la plage mais j’ai du travail »

Parce qu’il ne me le dit jamais -> En quoi ceci (ne te le dit jamais) prouve-t-il cela (qu’il ne t’aime pas) ?

Équivalence complexe (A=B)

Il a oublié mon anniversaire, il ne m’aime plus -> Quel est le lien entre ces deux éléments ? Pourquoi faites-vous un lien ?

Processus par lequel deux expériences distinctes sont considérées comme identiques, équivalentes, par création d’un lien de concomitance. L’équivalence est complexe, car l’affirmation contient un parallélisme automatique et simultané entre de nombreux éléments inexprimés de deux réalités. Le signe « = » indique la concomitance et l’évidence de l’analogie pour celui qui les énonce.

Présupposé

Proposition ou fragment de proposition qui reste vrai dans une phrase, que la proposition principale soit prise au négatif ou au positif. Exemple « quand papa rentrera de voyage, je lui ferai un cadeau » la présupposition « papa rentrera de voyage » reste vraie que je lui fasse un cadeau ou non. Les présuppositions jouent un rôle majeur dans la construction des croyances.

Ce qui peut être sous-entendu derrière ce qui est dit. -> Qu’est-ce que tu veux dire quand tu dis ce que tu dis ?

 

Le méta-modèle est un formidable outil linguistique. Sa puissance est utilisable dans les domaines professionnel, relationnel, gestion de conflit, en coaching… bref, partout où nous utilisons le langage… Un autre nom pour le méta-modèle est « le modèle de précision », parce qu’il nous permet de retrouver la précision qui s’est perdue entre l’idée réelle, profonde et non verbale de notre esprit et ce que nous disons réellement. C’est un bon moyen de communication et non de manipulation.

Marie

Éternelle étudiante en hypnose, je partage mes lectures et mes découvertes.

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