Hypnose et consentement : plongée en eaux troubles
Les codes de déontologie des hypnopraticiens sont très clairs sur le consentement : le client doit être informé de ce qui l’attend avant de consentir à une séance. Avant toute intervention hypnotique, le praticien d’hypnose s’assure du consentement des personnes qui le consultent. Il les informe des modalités, des objectifs et des limites de son intervention. Dès le début de la thérapie, il doit attirer l’attention de son patient sur ses droits et souligner les points suivants :
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- type de méthode employé (s’il le juge approprié à la situation du patient). Il précise les conditions de travail (y compris les conditions d’annulation ou d’arrêt)
- conditions financières (honoraires, prises en charge, règlement des séances manquées)
- secret professionnel
- possibilité de recours en cas de litige.
Consentir ou céder à l’intervention hypnotique ?
Selon Max Weber « la relation de pouvoir s’exerce quand un individu accomplit conformément à la volonté d’un autre une action qu’il n’aurait pas accomplie spontanément. » C’est là tout le paradoxe du contrôle et du pouvoir sur un individu, d’un praticien sur un patient.
Il semble donc évident, dans un souci éthique, que ce pouvoir d’influence repose sur un consentement. La pratique de l’hypnose est une pratique qui par excellence recentre le patient et son médecin sur la communication et le consentement éclairé indispensable à une telle pratique. Il en va de la responsabilité du thérapeute. Simplement céder à l’autorité du soignant, de l’expert, ne suffit pas dans un cabinet d’hypnose : il faut expliquer ce qui va se passer et permettre à la personne d’assumer pleinement ce qu’elle va vivre. Les meilleures intentions du monde et la bienveillance ne suffisent pas.
Peut-on être hypnotisé de force ?
Malheureusement, pour préserver une image propre et acceptable, de nombreux praticiens et formateurs maintiennent fermement qu’il est impossible d’hypnotiser quelqu’un contre son gré. L’argument que l’inconscient de la personne le protègera toujours contre des suggestions mal intentionnées est pourtant discutable. Alors, que penser de la pratique de certains hypnotiseurs de rue, de l’hypnose rapide et de l’hypnose conversationnelle utilisée dans les discours de nos dirigeants pour orienter l’acceptabilité d’une idée ou d’un discours ?
Oui, l’hypnose est une technique d’influence, tout comme n’importe quel moyen de communication, et elle est particulièrement efficace puisque son moteur est le contournement du sens critique. Nous sommes continuellement influencés, hypnotisés contre notre volonté (c’est ainsi que fonctionne la publicité), alors il est préférable d’arrêter de croire que notre inconscient nous protège et de s’informer sur les intentions du praticien et sur les outils qu’il met en place pour garantir notre sécurité, notre intégrité et notre dignité.
Oui, l’hypnose peut être un jeu ou un divertissement, mais comme dans le BDSM, la personne qui domine la séance est responsable du bien-être de celui ou celle qui se soumet, qui se confie ou se donne au jeu.