Quelle reconnaissance pour le statut des professionnels de l’hypnose ?

Quelle reconnaissance pour le statut des professionnels de l’hypnose ?

Bonne et mauvaise nouvelle : à l’heure où je rédige cet article (et en l’absence de mise à jour décente et récente), il n’existe pas de statut officiel reconnu pour les pratiquants de l’hypnose. N’importe qui peut ouvrir son cabinet, poser sa plaque et recevoir des clients, à condition évidemment d’être en règle avec l’administration, et une simple micro-entreprise suffira. Hypnologue, hypnothérapeute, praticien en hypnose, hypnotiseur : tous les titres sont libres d’utilisation. Cette situation inquiète les praticiens sérieux qui se préoccupent de l’éthique et du bien-être des clients, et les clients eux-mêmes qui préfèrent, et on les comprend, ne pas tomber entre les mains de charlatans malhabiles. Comment trouver un praticien fiable en hypnose ? Comment s’organise la profession ? Petit état des lieux.

 

Qui pratique l’hypnose et quelles sont les titres reconnus ?

 

À ce jour, aucune formation en hypnose ne donne lieu à une homologation par l’État français via le ministère de l’Éducation nationale ou le ministère du Travail, qui sont seuls habilités à octroyer des diplômes d’État (changement en 2022).

La seule exception est le Diplôme Universitaire d’Hypnose Médicale, accessible uniquement aux médecins ou aux personnels soignants et conduisant à la pratique de l’hypnosédation lors des opérations chirurgicales, dont la pratique est encadrée et réservée aux médecins et infirmiers anesthésistes.

De même, il n’existe aucune certification professionnelle d’hypnose enregistrée au RNCP (Répertoire National de la Certification Professionnelle) dont la législation en vigueur depuis peu, exige l’enregistrement pour garantir sa validité.

Quel que soit le titre choisi par le praticien, hypnologue, hypnopraticien, hypnothérapeute, etc, aucune n’est reconnue comme un métier à part entière. Les praticiens en hypnose exercent donc en tant qu’entrepreneur ou profession libérale, le plus souvent dans la catégorie fourre-tout de coach.

Le ministère de la Santé et de la Solidarité a édité un document très clair sur les médecines non conventionnelles et son cadre légal, parmi lesquelles figure l’hypnose : lire ce document.

La réglementation concernant l’hypnose, en l’absence d’un cadre légal spécifique, repose sur les différents codes de déontologie édités et signés par les membres de l’association européenne des praticiens en hypnose, l’ordre des hypnothérapeutes ou les différents syndicats d’hypnothérapeutes.

 

Pourquoi reconnaître le statut d’hypnothérapeute ?

 

La pratique de l’hypnothérapie n’est pas sécurisée : n’importe qui peut s’installer ou proposer des formations. Une labellisation, avec une formation certifiée, garantirait une pratique qualitative, éthique et responsable.

Le seul diplôme reconnu en hypnose actuellement est le DU d’hypnose, réservé aux professionnels de santé… un seul hic cependant : peu de pratique dans cette formation, or, pour former un bon praticien, il faut le faire pratiquer.

L’hypnose était donc une pratique officiellement réservée au personnel médical.

 

Pour exercer, les codes NAF/APE utilisés par les praticiens hypnose sont généralement les suivants :

8559A – Formation continue d’adultes (coach)
96.09Z – Autres services personnels n.c.a. (astrologue, travailleuse du sexe, tatouage, soin des animaux de compagnie, groom, etc.)
Cependant, depuis juin 2022, il est devenu possible d’utiliser un nouveau code NAF, puisque la profession a été reconnue par le ministère du Travail :
86.90F – Autres métiers de santé humaine non classés ailleurs (dont sages-femmes et infirmiers)
Il est alors devenu plus simple de se revendiquer Hypnothérapeute (Hypnothérapeute non médecin, non diplômé, non-psychanalyste, non-psychothérapeute, non-psychologue), car contrairement au titre de Psychothérapeute (réservé aux psychologues diplômés), il n’y a toujours pas de syndicat interprofessionnel qui « protège » le titre d’hypnothérapeute.

Hypnothérapeute n’est pas une profession libérale réglementée

 

Ce statut est donné par le ministère de la Santé. Cela ne règle pas la question de l’exercice illégal de la médecine : un hypnothérapeute ne propose ni traitement, si soin. Une profession réglementée doit se pratiquer suivant des règles établies par la loi ainsi qu’une déontologie. Des organisations professionnelles veillent au respect des réglementations régissant les métiers libéraux réglementés.

La jurisprudence a déterminé que l’exercice de l’hypnose dans un cadre autre que médical s’apparente à l’exercice illégal de la médecine (n° 09-81.778 de la chambre criminelle du 9 mars 2010). En dehors du cadre hospitalier et médical, l’hypnose reste donc une pratique non reconnue, voire sanctionnée. En effet, en 2013, l’Académie Nationale de Médecine a reconnu l’hypnose (ainsi que l’acupuncture, l’ostéopathie et le tai-chi) comme une thérapie complémentaire ayant sa place parmi les ressources de soins. L’Inserm quant à elle a validé plus de 15 applications thérapeutiques de l’hypnose.

 

Hypnothérapeutes : vers un certificat professionnel ?

 

La demande de la reconnaissance de la profession d’hypnothérapeute est un marronnier : différents interlocuteurs ont proposé des demandes variées ces dernières années et la réponse du Sénat est toujours la même.

Dans le Journal Officiel du Sénat, était discuté en novembre 2018, décembre 2018 et février 2019, la question de l’avenir de la profession d’hypnothérapeute, et plus précisément la création d’un certificat professionnel en hypnothérapie. La labellisation et l’encadrement de la pratique de l’hypnose, reconnue notamment comme médecine alternative traitant le stress, les phobies, les addictions, certains troubles du comportement ou du sommeil, est une demande sérieuse de nombreux professionnels qui souhaitent pouvoir exercer en toute légalité. Une clarification du cadre de l’activité d’hypnothérapie est demandée également pour protéger les consommateurs des professionnels non formés ou mal formés et des dérives sectaires. Un référentiel métier garantirait des prestations qualitatives, éthiques et responsables.

 

Une formation en hypnose reconnue RNCP ?

 

Le Sénat a repoussé l’enregistrement de la certification « « hypnothérapeute » au Registre national de la certification professionnelle (RNCP) au motif que l’usage du terme d’hypnothérapeute peut laisser à penser pour le public la réalisation d’un diagnostic et la mise en œuvre d’un protocole de soins propre au corps médical (état dépressif, douleurs chroniques, mal-être sans causes précises, burn-out, sevrage en hypnotique…). En outre, l’organisation et la durée des formations diplômantes en hypnose n’ont pas été jugées en mesure de constituer un vrai métier, mais simplement un complément d’activités.

Aucun projet de loi n’est encore précisé. Les syndicats et les professionnels restent vigilants et offensifs concernant leurs droits et ceux des consommateurs.

Il n’existe donc actuellement pas de « formation hypnose RNCP », c’est-à-dire une formation en hypnose qui serait reconnue et inscrite au RNCP (Registre National des Certifications Professionnelles), et qui permettrait de bénéficier d’un financement dans le cadre de la formation professionnelle, type CPF (Compte Professionnel de Formation). Selon le décret publié dans le JO Sénat du 13/12/2018, la législation française ne permet pas de certification reconnue en hypnothérapie, et donc de formation en hypnose reconnue RNCP.

 

Quelles sont les syndicats et groupements professionnels en hypnose ?

 

Le Syndicat National des Hypnothérapeutes (SNH) se positionne clairement en faveur de la reconnaissance de la profession d’hypnothérapeute. Ce syndicat regroupe des praticiens et différents instituts de formation :

En décembre 2018, le SNH portait la demande au Sénat en faveur de la reconnaissance de la profession d’hypnothérapeute. Ce syndicat, membre de l’Union National des Professions Libérales (UNAPL), a contribué à la création d’un code de déontologie, d’un institut de recherche et de développement en hypnose clinique.

Il existe également le Syndicat Des Métiers de l’Hypnose (SDMH), regroupant des professionnels de l’hypnose ainsi que les instituts de formation suivants :

  • l’ARCHE
  • Psychee
  • La temperence
  • Way Inside
  • Hansen Institute.

Il est vivement conseillé aux praticiens en hypnose d’adhérer à l’un de ces syndicats pour être protégé et entouré dans sa pratique.

 

Marie

Éternelle étudiante en hypnose, je partage mes lectures et mes découvertes.

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